Caix, un village d’histoire et de partage.

Histoire de Caix

Aux origines de Caix : un village ancré dans l’Histoire

Caix, petite commune située au cœur de la Somme, possède une histoire riche et passionnante, marquée par des événements majeurs et un patrimoine unique. Son nom trouve ses origines dans le latin Casiacum, évoquant probablement une villa gallo-romaine ou une propriété agricole d’époque antique.

La présence gauloise et gallo-romaine à Caix : aux origines du village

Les premières traces d’habitation à Caix remontent à la fin du Paléolithique et au début du Néolithique. Des silex taillés et polis sont encore régulièrement retrouvés après les labours, notamment autour de la source du village, attestant d’une présence humaine très ancienne. Cependant, c’est durant la période gallo-romaine que le village commence véritablement à prendre forme.

Un trésor gaulois : le « trésor de Caix »

En 1865, l’érudit local M. Leblan fit une découverte majeure près du bois de la Wannerie : un trésor monétaire gaulois accompagné d’armes en bronze. Ce trésor, désormais conservé au musée d’Amiens sous le nom de « trésor de Caix », est une preuve tangible de la présence celtique dans la région avant la conquête romaine.

La découverte d’un temple gallo-romain par Roger Agache

En 1965, Roger Agache, célèbre pionnier de l’archéologie aérienne, identifia à proximité du bois de la Wannerie les vestiges d’un fanum, un type de temple gallo-romain caractéristique du nord-ouest de la Gaule. Ce temple illustre la transition culturelle et religieuse entre les traditions celtes et l’influence romaine.

Les fanums étaient des lieux où les anciens dieux celtes continuaient d’être honorés dans des structures inspirées de l’architecture romaine. À Caix, le plan carré de la cella (sanctuaire central) est encore visible, entouré d’une galerie fermée où les fidèles se rassemblaient. Une petite annexe, probablement dédiée aux sacrifices ou aux dépôts funéraires, a également été identifiée.

Les pièces romaines retrouvées à proximité indiquent que le site fut occupé jusqu’au IVe siècle, bien après la conquête romaine. Les archéologues pensent que ce fanum était dédié au Toutatis des Ambiens, le dieu tutélaire de la tribu locale. Ce dieu, rarement nommé directement par respect ou par tabou, portait un surnom découvert sur un pilier à Amiens : Vermongjudus, ou « le dieu au joug puissant ». Par syncrétisme, il fut plus tard assimilé au dieu romain Mercure.

Le développement d’une exploitation romaine : le latifundium

Développement d’une exploitation romaine : le latifundium
Au Ier siècle, une importante exploitation agricole romaine (latifundium) aurait été établie à Caix. Contrairement aux installations préhistoriques situées près de la source, ce domaine romain fut implanté au fond de la vallée, sur le site actuel de l’église. Ce choix reflète l’organisation pragmatique et fonctionnelle des terres par les Romains.

hoix reflète l’organisation pragmatique et fonctionnelle des terres par les Romains.
Le nom du village, « Caium », trouve probablement son origine à cette époque. Ce terme, issu d’un mélange de latin et de gaulois, désigne un mur ou une habitation, symbolisant l’ancrage durable de cette exploitation agricole.

Un patrimoine riche et ancien

La présence gauloise et gallo-romaine à Caix illustre la richesse historique du village, qui fut un lieu de vie et de culte pour les populations locales bien avant le Moyen Âge. Ces vestiges, des silex néolithiques au fanum gallo-romain, en passant par le trésor de Caix, témoignent de l’importance culturelle et économique de cette région au fil des siècles.


Les seigneurs de Caix : une histoire entre puissance et foi

Le blason originel des seigneurs de Caix, symbole de leur lignée et de leur territoire, se lit : « d’argent à deux croisettes de gueules en chef et deux flanchis du même en pointe. ». Ce blason, le tout premier connu pour le village, appartenait à Anseau, le premier seigneur de Caix.

Une lignée liée aux grandes dynasties

Anseau était le troisième fils du redoutable Dreux de Boves, un seigneur influent, et frère d’Enguerrand de Coucy, fondateur de la célèbre dynastie de Coucy. Selon la légende, Enguerrand aurait confié à Anseau un fragment de la Sainte Croix, ramené lors de la Première Croisade, marquant ainsi la dévotion de la famille et du village à cet héritage spirituel. Cette légende pourrait également expliquer la dédicace de l’église de Caix à l’Exaltation de la Sainte-Croix.

De clerc à seigneur : un destin exceptionnel

Destiné à la prêtrise comme c’était la coutume pour les cadets de familles nobles, Anseau débuta sa carrière comme clerc au service de l’évêque de Laon. Toutefois, son frère Enguerrand, pour consolider l’influence de leur famille, lui octroya le fief de Caix, l’une des possessions des Boves, dont le territoire s’étendait d’Amiens à Péronne.

Anseau, malgré cette nomination seigneuriale, resta profondément croyant. Une fois son fils Robert en âge de prendre les rênes du domaine, il retourna à Amiens pour devenir chanoine de la cathédrale, un fait rare pour un seigneur.

Le conflit entre Robert et l’abbaye de Corbie

Avant de mourir, Anseau légua son fief à l’abbaye de Corbie, un geste pieux mais controversé, qui déclencha une violente dispute avec son fils Robert. Ce dernier, furieux, refusa de se soumettre aux moines de Corbie et de Lihons. Dans un accès de rage, il incendia plusieurs fois Rosières, allant jusqu’à pendre un moine avec les entrailles de sa propre mule. Cette brutalité fit de lui un personnage notoire, évoqué dans la célèbre chanson de geste « Raoul de Cambrai ».

Finalement vaincu, Robert quitta Caix pour servir ses cousins de la maison de Coucy, fondant ainsi la branche des Caix de Saint-Aymour. Son fils cadet, resté à Caix, devint Maire du village, un titre nobiliaire désignant un seigneur au service d’un maître ecclésiastique.

Une seigneurie modeste mais influente

Les seigneurs de Caix n’exerçaient que des droits limités sur leur territoire, tels que la petite et moyenne justice sur les serfs. Cela explique l’absence de gibet à Caix au Moyen Âge et le caractère modeste de leurs infrastructures : le château de Caix, en bois, fut détruit par un incendie au XVe siècle et ne fut jamais reconstruit. La rue du Château en garde aujourd’hui la trace, marquant l’ancien emplacement de la motte castrale. À proximité, le véritable château fort était celui de Lihons, détruit à la Révolution.

Évolutions du blason et déclin des seigneurs

Au fil des siècles, le blason des seigneurs de Caix évolua, reflétant leur dépendance à l’abbaye de Corbie, avec des couleurs et motifs empruntés à cette dernière. Toutefois, au XVIIe siècle, la famille perdit peu à peu son influence. Ruinés, les seigneurs furent contraints de travailler aux champs, une situation qui entraîna leur dérogeance, c’est-à-dire la perte de leur statut de noblesse.

Un héritage marquant

Les seigneurs de Caix, bien que modestes comparés à d’autres dynasties, ont laissé une empreinte durable sur l’histoire du village. Leur passé mêle foi, violence et adaptation, reflétant les complexités du Moyen Âge et de la Renaissance en Picardie. Leurs actions, qu’elles soient pieuses ou brutales, rappellent l’importance stratégique et symbolique de Caix à travers les siècles.

Ce riche passé, mêlant légendes, guerres privées et alliances familiales, fait partie intégrante de l’identité historique de Caix et continue de nourrir l’intérêt pour son patrimoine.

Le Moyen Âge : le village prend forme

Au fil des siècles, Caix s’est développé autour de son église, véritable centre de vie pour les habitants. Sous l’Ancien Régime, le village était principalement agricole, avec des terres fertiles et une population attachée au travail de la terre. Des seigneurs locaux ont joué un rôle clé dans l’organisation sociale et économique, notamment en construisant des bâtiments qui témoignaient de leur influence, comme les chapelles ou les fermes fortifiées.

En 1899, Caix comprenait 26 debits de boissons pour 1368 habitants.

Chiffre à relativiser : la licence IV n’a était crée qu’en 1941, auparavant tout les commerces pouvait vendre de l’alcool, officiellement… Ou officieusement.

D’autres part, la production locale de « goutte », de cidre et même de vin est attesté dans le village.

Oui, du vin ! Un petit blanc d’une qualité très « particulière » dont on retrouve la trace jusqu’au XVIII ème siècle. Visiblement, les moines de Lihons l’utilisaient comme vin de messe.

La Première Guerre mondiale : une page tragique

Pendant la Grande Guerre, Caix se retrouva au cœur des combats. La commune subit de violents bombardements et fut marquée par la bataille de la Somme. Le village fut un point stratégique pour les troupes françaises et britanniques, mais aussi une zone de destruction intense. De nombreux soldats tombèrent ici, et leurs sacrifices sont aujourd’hui honorés dans les cimetières britannique et français du village. Les ruines d’époque témoignent encore des horreurs de cette période.

L’hôpital de campagne installé dans l’école des filles est resté dans les mémoires. C’est ici que le prince Louis Murat, descendant de Napoléon, trouva la mort en 1916, veillé par l’infirmière Lucie Morel, une figure emblématique de Caix.

La Seconde Guerre mondiale : résistance et courage

Durant la Seconde Guerre mondiale, Caix connut une nouvelle période sombre, mais fut aussi le théâtre d’actes de bravoure. Le résistant Maurice Seigneurgens, natif de Caix, incarne cet esprit de lutte. Membre des FTP (Francs-Tireurs et Partisans), il participa à des actions de sabotage contre l’occupant. Capturé, il fut fusillé en 1943 à la citadelle d’Amiens. Aujourd’hui, son nom est gravé dans nos mémoires et nos rues.

Caix, un haut lieu de la bonneterie au début du XXe siècle

Au tournant du XXe siècle, la commune de Caix connaît une véritable effervescence industrielle. Loin d’être uniquement rurale, elle s’impose alors comme un centre majeur de production textile, et plus particulièrement dans le domaine de la bonneterie.

Trois usines à vapeur spécialisées dans cette industrie voient le jour sur le territoire communal, employant plus de 1 000 ouvriers venus de Caix et des villages environnants. Cette activité transforme profondément la vie économique et sociale du village. Le ronronnement régulier des machines, la fumée des cheminées industrielles, et les allées et venues des ouvriers rythment le quotidien des habitants.
Parmi les grandes figures de cette époque, l’entreprise Capronnier se distingue. C’est dans ses ateliers que travaille Georges Laignel, bonnetier de métier, et père du futur instituteur Marius Laignel, figure locale bien connue, tombé au champ d’honneur pendant la Première Guerre mondiale.
Cette industrie textile dynamique fait de Caix une commune prospère, marquée par un brassage social intense et un sentiment de modernité rare en milieu rural. Les écoles se développent, les commerces fleurissent, et les familles vivent au rythme de la vapeur et du tricotage.
Aujourd’hui, il ne reste que quelques traces de cette époque florissante, mais la mémoire des ouvriers et de leur savoir-faire textile continue de vivre à travers les archives, les témoignages, et le travail de mémoire porté par les associations locales.

Caix n’était pas seulement un village de champs : c’était aussi un village d’usines, de machines, et de mains habiles qui tissaient le progrès.

Un patrimoine préservé

Malgré les ravages des guerres, Caix a su conserver un riche patrimoine. Parmi les monuments emblématiques, on trouve :

LÉglise de l’Exaltation de la Sainte-Croix

Reconstruite et rénovée après les destructions. Elle témoigne de l’importance de la foi dans la vie du village.

Les chapelles rurales

Qui parsèment les alentours et rappellent l’histoire religieuse de la région.

Les vestiges agricole

Comme les anciennes fermes et moulins, symboles du passé agricole de Caix.

Cimmetiaires militaires

Brittanique, Allemand, et Francais

Nos légendes

Les textes suivants sont des adaptations issues d’un recueil folklorique de 1867 et du journal d’un ancien habitant du canton qui a collecté les différentes légendes orales du Santerre.

« Les loups-sorciers de Caix »

« La période au lendemain de la chute de l’Empire fut une période très troublée pour le territoire. Entre les occupants prussiens et l’insécurité née de la présence des redoutables « chauffeurs », une troupe de brigands qui firent régner la terreur, les temps étaient durs.

Pour se défendre les habitants de Caix vont établir des rondes de nuit jusqu’en 1831 !

C’est au cours de plusieurs de ses rondes qu’un incident curieux fut rapporté.

Pendant plusieurs nuits, trois loups vont suivre les miliciens. Ces derniers vont trouver leurs attitudes étonnantes : ils ne semblent pas craindre le feu, évitent les jets de pierres mais fuient devant les fusils. A plusieurs reprises, ils se seraient tenus sur leurs pattes arrière. Ils suivent les villageois, sans faire mine de les attaquer, mais grondent dès lors qu’ils s’approchent du bois des carrières.

Au bout de trois jours, m. X (hélas, le nom est illisible sur le document) décide, de jour, de se rendre au bois des carrières pour tenter de trouver des traces du passage des bêtes.

Il y découvre une cabane, du genre de celles que fabriquent les ouvriers agricoles itinérants. A l’intérieur, il trouve trois galetas, posés sur un banc de fortune, dans les sacs se trouvent des « cailloux percés ». Il fait immédiatement venir ses hommes pour abattre la cahute, les cailloux eux furent amené au curé de la paroisse pour être béni.

Les loups ne furent plus jamais revus sur la commune, certains encore aujourd’hui prétendent qu’il s’agissait des derniers Loups-sorciers de la région »

« Le Karimaro. »

Quériméro, Carimaro et Chorchèle sont le nom d’une créature du folklore picard qui peut prendre bien des formes (Sorcière, cheval blanc etc…) mais qui a toujours pour finalité de capturer des âmes pour les mener en enfer.

Dans le Santerre, il prend un aspect particulier.

Le Karimaro, apparait sous la forme d’un berger, ses sabots sont noirs, ses ongles longs et sous les bords de son large chapeau les longues mèches de cheveux dissimulent mal deux petites cornes de bouc.

Il porte sur son dos un pipasso (cornemuse traditionnel picarde, extrêmement populaire et ancienne). Quand il en joue, une brume jaillie de son bourdon (tuyau de la cornemuse) une brume dense qui envahi peu à peu les environs : les malheureux pris dans ce brouillard surnaturel vont alors se rapprocher de l’endroit ou émane la musique, le Karimaro les entraine alors vers une source pour les y noyer et les emmener en enfer !

Conte de Caix

Avez vous entendu les cloches d’Enguillaucourt ?

Entre Guillaucourt, Harbonnieres et Caix existait un village, petit mais prospère, du nom d’Enguillaucourt.

On raconte qu’à l’époque les espagnols s’attaquaient à tout les villages sans protection. Aussi les habitants d’Enguillaucourt décidèrent-ils d’acheter de nouvelles cloches pour sonner le tocsin dès lors que l’on repéreraient les redoutables tercios.

La tâche de surveiller les abords du village fut confié à un pauvre de la paroisse.

Hélas ce dernier était un ivrogne et il passait toute ses journées au sommet du clocher de l’église à boire sans surveiller les environs.

Et une nuit, les espagnols passèrent à l’attaque. Se faufilant dans le village sans surveillance, ils passèrent au fil de l’épée tout ceux qu’ils croisaient.

Réveillé par les hurlements de ces voisins, l’homme s’aperçut de l’ampleur de sa négligence. Terrassé par la culpabilité, il se pendit aux cordes des cloches. Un long glas retentit alors sur le village en flammes.

Depuis, on dit que l’on peut encore entendre les cloches d’Enguillaucourt : si elles sonnent le tocsin c’est pour prévenir d’un grand danger, si c’est le glas c’est pour avertir les pêcheurs de se repentir « .

Enguillaucourt est l’un des nombreux villages du territoire qui ont disparu au fil des siècles. Néanmoins, sa lente agonie à marquer les esprits des habitants de Caix. D’autant qu’on peut effectivement entendre des » cloches fantômes  » à Caix !

les esprits des habitants de Caix. D’autant qu’on peut effectivement entendre des » cloches fantômes  » à Caix !

Un village tourné vers l’avenir

Aujourd’hui, Caix est une commune qui mêle tradition et modernité. Tout en honorant son passé, le village se concentre sur son développement avec des projets visant à améliorer la qualité de vie de ses habitants : infrastructures modernes, activités culturelles, et soutien aux associations locales.

Les commémorations du 11 novembre, les fêtes locales et les efforts pour préserver le patrimoine, comme l’église ou les friches à réhabiliter, illustrent l’attachement des habitants à leur histoire et à leur territoire.

Caix est plus qu’un village : c’est une communauté unie par une histoire forte et un avenir prometteur. Que vous soyez résident ou de passage, cette commune vous invite à découvrir ses richesses et à partager l’héritage de ceux qui ont bâti et défendu ce lieu au fil des siècles.

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